NOTES ET LIENS:
Les Voix de la Tech, épisode 7 !
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Au programme : Spéciale victoire de Donald Trump à la Présidentielle américaine : quelles conséquences pour la Tech, pour la Silicon Valley, pour les startups et pour les Français de la Tech aux États-Unis ?
Nos invités connaissent bien les États-Unis, pour y avoir vécu des années : notre confrère, Laurent Garrigues, nous raconte l'après-scrutin depuis Las Vegas où il est installé depuis cinq ans, en tant que correspondant de 20minutes.fr et de L'informaticien notamment. Nous rejoignons ensuite Georges Nahon qui était, jusqu'en 2019, le patron d'Orange Labs au sud de San Francisco : il est l'un des meilleurs connaisseurs de la Silicon Valley et il a assisté à la bascule du monde de la Tech, traditionnellement plutôt démocrate, déçu voire irrité par l'administration Biden, vers le camp de Donald Trump et nous explique pourquoi. Et nous terminons dans le Colorado où Christophe Goudy, expert en communication dans la Tech reconverti dans la charcuterie (goudycharcuterie.com), nous explique que le président élu ne pourra pas imposer toutes ses volontés dans certains États américains (dont la Californie).
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Présentation: Benjamin Vincent et Fabrice Neuman
Habillage musical par Eddy Gronfier (Twitter / X - Spotify)
Lire la transcription ci-dessous
(Attention, cette transcription est réalisée par une IA et peut contenir de erreurs)
Ici la voix de Fabrice Neuman, bonjour à toutes et tous.
Et this is the voice of Benjamin Vincent, bienvenue dans ce septième épisode des Voix de la Tech.
Les Voix de la Tech, chaque vendredi, en moins de 30 minutes, c'est l'actu tech, décrypté par les voix qui la font.
Un épisode entièrement consacré à la victoire de Donald Trump, mais évidemment, Benjamin, sous l'angle de la tech.
Et oui, quelles conséquences pour les GAFAM, Google, Apple, Facebook, Meta, Amazon, Microsoft et les autres ?
Pour l'innovation, pour l'IA bien sûr, mais aussi pour les entreprises françaises de la tech présentes aux Etats-Unis.
C'est ce qu'on va découvrir Fabrice avec nos 3 Voix de la Tech cette semaine.
Et c'est dans le Colorado que nous terminerons tout à l'heure.
Et oui, près de Denver à 1700 mètres d'altitude, où nous attend Christophe Goudy, un français expert des relations presse installé aux Etats-Unis depuis 13 ans, dont 10 dans la baie de San Francisco.
Un français devenu entrepreneur et qui n'a pas sa langue dans sa poche.
South,San Francisco, c'est là que Georges Nahon avait son bureau jusqu'à son retour en France en 2019.
Il est l'ancien patron d'Orange Labs, il connaît la Silicon Valley mieux que personne.
Et dans une dizaine de minutes, il va nous raconter comment la vallée a basculé du côté de Donald Trump.
Et tout de suite, direction Las Vegas pour rejoindre notre confrère Laurent Garrigues.
Bonjour Laurent.
Bonjour Benjamin.
Bonjour Laurent.
Bonjour Fabrice.
Et bienvenue dans les Voix de la Tech.
Tu es correspondant aux Etats-Unis pour l'informaticien, tu es aussi le correspondant de 20min.fr.
Tu as suivi cette élection présidentielle américaine.
Tu suis tous les grands salons tech qui ont lieu à Vegas.
Alors je pense évidemment au CES au mois de janvier, mais il y a le NAB au mois d'avril, il y a le Adobe Summit au mois d'octobre il y a un an où on s'était vu d'ailleurs.
Tu es donc très au fait de la sensibilité du secteur de la tech aux Etats-Unis à ce qui se passe en ce moment.
Alors justement, comment est-ce que ce milieu réagit à l'élection de Donald Trump ?
Écoute Benjamin, ce milieu réagit un peu de la même façon que les Etats-Unis ces derniers jours.
C'est-à-dire qu'on a un monde de la tech essentiellement évidemment sur la côte ouest, qui est très partagé entre, on le savait, certaines grandes entreprises clairement pro-Harris et d'autres plus pro-Trump.
Évidemment les félicitations sont tombées dans tous les sens.
Tim Cook, évidemment le patron d'Apple, qui s'est fondu d'un tweet sur X en disant "Félicitations président Donald Trump pour votre victoire et nous sommes impatients de travailler avec vous pour continuer à faire prospérer l'ingéniosité américaine, la grande tech." On a Sundar Pichai, le PDG de Google, qui a salué une victoire décisive de Donald Trump, alors qu'on s'en souvient, il y a quelques semaines, Donald Trump avait accusé Google, et notamment Google News, de ne pas mettre en avant les infos, les actus sur lui.
Mais il a aussi dit que Google avait fait des efforts très récemment.
Je pense que les menaces de Donald Trump ont été prises à la, non pas à la légère, par Google, parce que Donald Trump, à ce moment-là, avait promis que s'il était élu, il attaquerait en justice Google.
Donc peut-être que Google s'est dit "attention, méfions-nous, on sait jamais".
Donc voilà. Et puis on a Mark Zuckerberg hier, pareil, qui a posté un tweet en expliquant que "bon ben voilà, félicitations Donald Trump", et lui disant, parlant de "grandes opportunités à venir pour pouvoir construire le pays, hâte de travailler avec vous et votre administration".
Donc déjà, certains ont pris date.
Tu parles de Zuckerberg, je me souviens de son audition il y a 4-5 ans par le Sénat à Washington, il avait été très très malmené par Kamala Harris à l'époque, qui avait un peu mené la charge contre lui, c'était au moment de l'affaire Cambridge Analytica.
C'est ça, tout à fait.
Il y a peut-être un parfum de revanche, entre guillemets.
Pour certains, je pense qu'il y a un parfum de revanche, et puis certains, on a toujours tendance à dire que l'intelligentsia de la tech est plutôt démocrate, très ouverte, tout ça, alors que, à contrario, le camp des trumpistes, ce sont, pardon, mais de fiéfé ruraux, décérébrés, qui ne savent pas grand-chose de la vie.
Pour vivre aux Etats-Unis depuis 5 ans, pour avoir couvert notamment des meetings de Donald Trump, on est quand même assez loin de cette image d'épinal.
Par contre, on a d'autres grands patrons de la tech, eux, c'était clairement un soutien à Trump affiché dès le début.
On a Peter Thiel, qui est le co-fondateur de PayPal, dès le début, il a dit "moi je suis pro-Trump, je voterai pour Trump".
Par contre, pas de don financier.
Mais en tout cas, ça a été affiché.
On a Marc Andressen et Ben Horowitz, qui sont pareil, aussi des patrons très influents, avec des entreprises de capital-risk, pour financer des startups, ont clairement expliqué et exprimé que l'administration Biden n'avait pas été à la hauteur du développement pour aider les startups américaines.
Donc résultat, c'est parti, nous on est pro-Trump et on l'affiche.
Quels sont les grands sujets sur lesquels Trump va agir dans les mois et les 4 ans qui viennent ?
Selon les informations publiées par CNN, des décrets, des réglementations, des dérégulations sont déjà prêtes à être mises en place dès qu'il sera à la Maison Blanche, c'est-à-dire le 20 janvier prochain.
Dès le 20 janvier prochain, il faut s'attendre à voir des choses tomber, pour que les États-Unis redeviennent, ce qu'il aime bien dire, "make America great again", et donc tout ce qui tourne autour de l'intelligence artificielle.
L'Union Européenne est en train de sortir des décrets pour faire attention, limiter, mettre des garde-fous ici.
Encadrer, oui.
Les garde-fous, c'est celui qui ira le plus vite, qui développera le plus de choses, qui gagnera.
Il y a aussi, évidemment, le cas Musk.
Ça, c'est très important pour la suite.
C'est, en gros, le seul vrai patron du fameux Fortune 500, qui a soutenu officiellement Trump et qui s'est vraiment engagé très, très fortement.
Je me souviens d'avoir écrit une news sur le site de 20min.fr, où, en gros, Elon Musk partageait ses...
ses pensées quant à la suite, et pour être un petit peu vulgaire, c'était "si Trump n'est pas élu, je suis baisé".
Voilà. Donc...
Il a risqué très gros, hein, en ce moment.
Il a risqué très gros. Il a risqué très gros, et je pense qu'il risque encore gros, parce que Tesla a toujours été une marque un peu...
On peut le dire, un peu de bobo aux États-Unis.
De démocrate, bobo, qui veulent maintenant rouler en électrique.
Tesla, c'est chic, c'est clean, c'est beau.
C'est en train de changer, avec d'un côté, aujourd'hui, des républicains qui vont peut-être plus adopter ce véhicule, et des démocrates qui vont dire "non, non, moi, je n'achète plus ça, parce que c'est vraiment la voiture de quelqu'un qui a soutenu Trump".
Et, comme je vous disais, maintenant, la question, c'est de savoir quel rôle va jouer Elon Musk.
On sait qu'a priori, Donald Trump a expliqué qu'il récompenserait les personnes qui ont été derrière lui et qui l'ont soutenu ces deux dernières années.
Elon Musk l'a clairement soutenu, officiellement, c'était dit, il a participé à des meetings.
Il est tout à fait possible que Elon Musk se retrouve propulsé à un poste majeur dans l'administration Trump, notamment peut-être l'économie, ce qui était évoqué à un moment donné, une sorte de mission spéciale, peut-être pour vraiment s'occuper de toute cette partie de la tech.
Pour finir sur la tech, Laurent Garry, Donald Trump a dit, il n'y a pas longtemps, le jour de sa prise de fonction, il annulerait le décret de Joe Biden sur l'intelligence artificielle.
Je pense qu'il va le faire.
Est-ce qu'il y a un symbole à le faire dès le jour 1 et à s'attaquer à ce sujet-là en particulier ?
Je dirais qu'il y a deux symboles.
Le premier symbole, c'est marquer un point de rupture avec l'administration Biden.
Ce qu'a fait l'administration Biden, à part peut-être certaines choses, c'est qu'on oublie tout ce qui a été lancé avant.
On fait une croix dessus, on oublie.
Ensuite, je pense que Donald Trump, peut-être à tort, va sans doute y avoir des dérives, comme souvent ici, veut donner aux entreprises de la tech une totale liberté sur le développement de l'IA, essentiellement pour que cette Amérique ait les mains libres de pouvoir rester les leaders incontestés de l'intelligence artificielle.
Avec un Trump enlevant ces régulations, ça y est, on va pouvoir faire ce qu'on veut.
On ne va plus avoir des questions d'éthique, parce que c'est ça aussi qui est important.
C'est ça aussi que l'administration Biden a voulu un peu, a raison sans doute, a voulu un peu encadrer.
C'est toutes ces questions d'éthique, de data, de data personnelle, etc.
Ici, on aime bien partager les data, on aime bien récupérer les data de tout le monde et tous les analyser.
Je pense que c'est ça, c'est enlever cette petite cordelette qui va permettre à certaines entreprises d'y aller franco, et de ne pas se poser de questions d'éthique.
Ça va un peu débrider le truc.
Sans doute, ça peut poser quelques problèmes.
Laurent, j'ai une dernière question.
Je pense aux nouvelles réglementations européennes, des SA et des MA.
Les sujets de contentieux sont en train de se multiplier avec les GAFAM.
Est-ce que l'administration Trump pourrait très mal le prendre et mettre en place une politique de rétorsion si l'Europe venait à faire payer les entreprises américaines qui dépassent certaines de nos limites ?
C'est tout à fait possible.
Le personnage, c'est quelqu'un de jusqueboutiste.
Si vous lui faites quelque chose, il vous le rendra au centuple.
Donc, il est tout à fait possible qu'il y ait des mesures de représailles si l'Europe venait à frapper des entreprises américaines là-dessus, comme tu le dis, notamment les GAFAM.
Avec l'arrivée de Trump, les États-Unis voient, pour une partie de la population, un retour à cette Amérique forte.
C'est une Amérique qui sait répondre quand on essaie de lui donner un coup de couteau, dans le dos ou de face.
C'est vraiment quelque chose auquel il faudra s'attendre.
Et on répond par des droits de douane, par d'autres choses, ou par des amendes aussi, de sociétés françaises implantées aux États-Unis.
Merci Laurent Garry.
De rien, avec plaisir.
Grand plaisir d'avoir pu discuter de l'élection de Donald Trump avec toi.
Et merci d'avoir été une de nos Voix de la Tech cette semaine.
À bientôt.
À bientôt Laurent Garrigues.
Il a été le grand patron d'Orange Labs à San Francisco pendant 15 ans.
Bonjour et bienvenue Georges Nahon.
Bonjour.
Ravi de t'accueillir dans les Voix de la Tech.
On se connaît depuis longtemps.
Oui, c'est vrai.
Quelle est ta première réaction quand tu penses justement à la Silicon Valley, à la tech américaine, après cette élection de Donald Trump ?
Ce que je pense c'est qu'il y a eu un changement vraiment net dans la structure sociopolitique de la Silicon Valley qui a démarré au moment du début de la campagne.
Donc il y a eu un changement qui s'est traduit par une prise de position d'un certain nombre de grandes personnalités de la région, de la Silicon Valley, contre le fonctionnement de l'administration Biden pour ce qui concerne sa relation avec le monde de la tech, mais aussi la relation avec les investisseurs de la Silicon Valley.
Donc on a vu des personnalités classiques de la Silicon Valley tout d'un coup se déclarer favorables à l'élection de Trump.
Ça ne s'était jamais vu, même à l'époque où Schwarzenegger était le gouverneur conservateur de la Californie, il n'y avait pas eu cette espèce de schisme toute proportion gardée.
Et ça s'est traduit par le fait qu'un certain nombre de personnalités comme Elon Musk, bien sûr, mais également le groupe qui s'occupait de créer PayPal, donc la mafia PayPal, donc Peter Thiel, il y a un capital risqueur très connu qui est David Sachs aussi, qui ont commencé à changer un peu le discours d'une façon qui était totalement nouvelle pour la Silicon Valley, et d'ailleurs assez difficile à décrypter et à comprendre, parce que face à eux, il y avait toute la cohorte des classiques de la Silicon Valley, des gens très célèbres, l'épouse de Steve Jobs, donc Lauren Powell, Mark Cuban qui est un investisseur bien connu, Reid Hoffman qui est le fondateur de LinkedIn, Vinod Khosla qui est une sommité du capital risque avec Khosla Ventures, donc ces deux groupes-là se sont opposés sur des questions fondamentales.
- Mais qu'est-ce que Biden a fait pour se mettre les GAFAM, la tech à dos ?
- Ce qui s'est passé, c'est que l'administration, Biden a commencé à imposer des principes de conformité à de l'éthique, on l'a vu pour l'IA, ce qu'ils ont fait, ils ont demandé, finalement ça rend le travail quasiment impossible, le travail d'innovation dans l'IA en ce moment, dans l'état où se trouve l'IA génératif, c'est très difficile pour une startup de faire ce que demandent tous ces principes de conformité à l'éthique, de conformité à des questions sociétales, tout ça étant par ailleurs justifiable.
Donc voilà un peu ce qui se passe en ce moment, et taxer les profits non réalisés, c'était un projet de Biden, donc c'est inconcevable pour le monde des startups et des investisseurs de faire ça.
Ça veut dire que quand vous avez des stocks options pour des actions, donc des stocks qui ont pris de la valeur dans le temps, et bien même si vous ne les levez pas pour les vendre, on va vous taxer chaque année sur la plus-value latente qu'il y a là-dessus.
Donc ça c'est juste l'opposé, mais à 100% du fonctionnement, de l'intéressement, de la stimulation des entrepreneurs par la perspective de gagner beaucoup d'argent, grâce à l'augmentation du cours de la valeur de l'action qu'ils détiennent.
- Quel rôle vous voyez jouer Elon Musk dans la future administration ?
- Alors l'idée que je m'en fais après la déclaration sur le fait qu'il était né, hélas pour lui, en Afrique du Sud et pas aux Etats-Unis, ce qu'il dit en fait c'est "Sinon j'aurais été candidat à la présidence".
Pour moi c'est clairement ce que ça voulait dire.
- C'est ce qu'on disait déjà de Arnold Schwarzenegger, que vous avez mentionné tout à l'heure.
- C'est vrai, exactement.
- Il avait lui-même dit ça.
Et donc là, Musk va être une ombre de Trump, une sorte de matière grise éminente.
Je pense que Musk va savoir quoi faire pour réduire les dépenses publiques.
C'est le premier truc.
Je crois qu'il va être chargé très vite par Trump, Elon Musk, de mettre de l'ordre là-dedans.
- Au-delà de la tech ?
- Oui, je pense que c'est au-delà de la tech.
- Vous le voyez secrétaire au Trésor ?
- Je ne sais pas bien s'il va avoir un rôle officiel.
Ce n'est pas exclu, mais moi personnellement je ne vois pas faire ça.
Il est trop occupé avec ses affaires.
- Georges Nahon, est-ce que vous êtes surpris, pour conclure cette élection de Donald Trump, dans tout ce contexte, est-ce que vous vous y attendiez ?
- J'en étais moins sûr il y a un mois.
Mais fondamentalement, l'Amérique est structurellement républicaine.
Et là où Trump a bien joué ça avec son populisme, il est pour ça, il est dans un langage et dans une posture du cow-boy.
Vraiment, de ce qui a profondément ancré dans la culture américaine.
Il faut se défendre, on n'est pas à l'abri à nouveau d'un problème.
Et là vous avez affaire à quelqu'un qui n'est pas un homme politique, qui est un homme d'affaires.
Et donc ça peut peut-être expliquer qu'il peut se payer ses déviations sans sourciller, en pensant que ça ne pose aucun problème.
- Merci beaucoup Georges Nahon pour cet éclairage.
Merci d'avoir été l'une de nos voix de la tech cette semaine.
- Merci beaucoup d'avoir invité, à bientôt.
- Et on prend à présent la direction de Denver dans le Colorado.
Bonjour Christophe Goudy.
- Bonjour Fabrice.
- Bonjour Benjamin.
- Bonjour Christophe.
- Alors je ne sais pas comment te présenter Christophe, le plus simple c'est peut-être que tu le fasses toi-même.
- Écoute, je suis aux Etats-Unis maintenant depuis un peu plus de 10 ans.
J'ai passé une dizaine d'années dans la baie de San Francisco, dans une première vie qui était dans la communication et le marketing, pour des boîtes de tech.
Et maintenant je vis dans le Colorado où avec ma femme, on a ouvert une charcuterie et on est en train d'ouvrir un petit édiard dans une quinzaine de jours ici dans le centre de Denver.
- Bon super, on te souhaite beaucoup de succès.
- Merci.
- Je ne vais pas te mentir, c'est plus pour le côté tech qu'on t'a proposé d'être l'une de nos voix de la tech aujourd'hui Christophe.
L'élection de Donald Trump, quelles vont être les conséquences ?
Je pense d'abord à l'intelligence artificielle Christophe.
L'idée c'est que Trump veut débrider la liberté des entreprises américaines, notamment dans le domaine de l'IA, c'est ça ?
- Oui, tout à fait.
Il veut retirer toutes les barrières et les garde-fous que souhaitait mettre l'administration Biden sur ça.
Alors après, les Etats-Unis c'est un peu compliqué.
Tu as l'État fédéral, que va représenter Donald Trump.
Et après tu as ton État dans lequel tu vis, donc ta région.
Et la région peut prendre des décisions qui sont à l'encontre de ce que va décider l'État fédéral, donc Trump.
Trump va ouvrir les portes, Washington, donc l'administration de Donald Trump qui va arriver, va débrider plein de choses, va créer plein de lois.
Maintenant, localement, elles peuvent être anéanties ou arrêtées.
Donc il va ouvrir ses portes et on sait qu'en Californie, il y a pas mal de garde-fous.
Il y a pas mal de gens qui vont vouloir remettre ces garde-fous en place et donc il va y avoir des lois qui vont arriver localement pour pouvoir remettre en place.
Mais ça ne va être que local.
Donc les gens, s'ils veulent avoir ce côté débridé de l'IA, ils iront dans un autre État.
Ou la loi fédérale de Washington sera appliquée.
Eux, ils vont débrider au maximum, ils vont se retrouver sur un côté libéral, économique, de l'immobilisation de l'IA.
- Non-limite.
L'innovation à fond et le business à fond, quelles que soient les conséquences ?
- Ça a toujours été.
C'est quand même une marque de fabrique, un, de la Silicon Valley, deux, des États-Unis.
Je vais prendre un exemple clair.
Uber.
Après, tu régules quand tu commences à avoir les premiers clashs, les premiers accidents économiques ou humains.
Et là, tu commences à réguler.
Mais avant, ils lâchent les chevaux.
C'est pour ça que ça va vite, en fin de compte, ici.
Ici, on dit toujours, "Oui, tu vas aux États-Unis parce que ça va vite." Parce qu'il n'y a pas de limite.
Les mecs se lancent.
Et comme il n'y a pas de législation qui a été faite avant, eh bien, c'est quand ça commence à taper dans le mur, qu'on commence à réfléchir et à se mettre à légiférer sur plein de choses.
Mais avant, peu importe.
Donc ça, c'est vraiment une marque de fabrique aux États-Unis, sur la techno.
On va à fond et on verra.
Et quand ça bloque, on va peut-être commencer à réfléchir.
Est-ce que ça veut dire que les géants de la tech qui ont pris des positions majeures sur l'IA, je pense à Microsoft, je pense à Google, évidemment, OpenAI et pourquoi pas Apple, tant qu'on y est, est-ce que ça veut dire que, de manière explicite ou implicite, ils avaient intérêt à ce que Trump passe plutôt que Kamala Harris ?
C'est clair. C'est clair et net.
La tech, en général, avait quand même un intérêt à ce que Trump passe, parce que Trump va lâcher les chevaux.
Donc les chevaux vont être débridés et les gens vont pouvoir aller à fond dans ce qu'ils veulent faire.
Il y a des procès contre Google et contre Amazon aussi.
Il y en a finalement sur ces grosses boîtes qui sont tellement grosses.
Il semblait qu'il y avait une sorte d'accord entre les deux grands partis.
Comment tu sens que ça peut évoluer ?
Ça va continuer sur les antitrusts.
C'est vrai que certaines sociétés sont devenues tellement énormes, elles ont tellement de ramifications, elles achètent tellement de boîtes tous les jours, peu de gens le voient, c'est des petits montants, mais des gens comme Google achètent, je ne sais plus combien de boîtes par jour, je ne veux pas dire de bêtises, mais je sais que par jour, ils font des acquisitions.
Ils font des acquisitions de boîtes, mais surtout de talents, des gens qui sont à l'intérieur.
On parle de centaines de milliers de dollars, pas les énormes coûts de 1 ou 2 milliards.
Mais quoi qu'il arrive, ces boîtes-là, il va falloir les réguler, il va falloir qu'elles se splittent parce qu'elles ne peuvent pas continuer à grossir comme ça.
Sinon, tu vas être complètement géré par ces boîtes-là.
Elles vont tout prendre, tout gérer.
On va boucler la boucle sur cette question un peu perso, Christophe.
Comment tu te sens, toi, quelques heures après cette élection de Donald Trump ?
Interrogatif.
Quel va être l'impact sur l'économie en général ?
Ça, c'est ce qui m'interroge le plus.
Toi, en tant que Français qui vit aux États-Unis, la vie continue ?
Non.
Moi, la vie continue comme sans rien du tout.
Donc, s'il y a des mauvaises nouvelles qui arrivent parce qu'ils décident des lois sur l'immigration, des choses comme ça, on verra et on avisera à ce moment-là.
Mais pour l'instant, je ne vois pas pourquoi j'aurais à m'inquiéter de quoi que ce soit.
Parce que tu penses que tu pourrais être concerné par une nouvelle loi sur l'immigration ?
Tous les gens qui sont sous visa de travail peuvent être concernés.
Parce que moi, je suis un investisseur, donc c'est un peu différent.
Je viens ici pour faire travailler des gens, donc je serai moins concerné.
Mais tous ceux qui ont des visas, qui viennent en tant qu'employés qualifiés, avec des qualifications spécifiques et autres, les règles risquent de se durcir un peu, je pense.
Mais on les prendra au fur et à mesure.
Et là, pour l'instant, franchement, il a été...
On a trois mois tranquille, parce qu'il faudra que ça se mette en place, que l'administration passe l'une à l'autre et autres, et après on verra bien comment ça va aller.
Christophe, on a des auditeurs aux Etats-Unis.
C'est quoi l'adresse de ton site de charcuterie ?
goodycharcuterie.com.
Et on livre partout aux Etats-Unis, sauf Hawaii.
Pour ceux qui sont juste en audio, Goody, G-O-U-D-Y.
Merci beaucoup, Christophe.
Merci d'avoir été l'une de nos Voix de la Tech.
Cette semaine, ça m'a fait très plaisir de te voir sur fond, de paysages enneigés.
À bientôt dans les Voix de la Tech ! À très vite ! Grand plaisir ! Fabrice, Christophe Goody, Georges Nahon, Laurent Garic, trois visions de cette Amérique de la Tech qui bascule du côté de Donald Trump.
Oui, et en même temps, ce que j'ai trouvé vraiment intéressant, c'est que ces conversations, ça nous a permis, en tout cas, ça m'a permis de prendre un peu de détachement par rapport à toute la passion qu'on a tous vécue autour de ces élections qui ont duré...
Les campagnes des élections présidentielles américaines sont toujours très longues, c'est toujours très tendu.
Je pense qu'à chaque fois, on dit que c'est extraordinaire, que ça ne s'est jamais produit comme ça avant.
Là, la tension est retombée.
Et puis, on verra bien ce qui va se passer.
Et j'ai beaucoup aimé la vision, finalement, très analytique de chacun de nos invités pour nous remettre un peu dans la vraie vie, finalement.
Moi, je connais bien les États-Unis.
Je suis allé six fois là-bas depuis un an.
Pour autant, c'est vrai que je n'ai pas l'expérience du résident américain.
J'avoue que j'ai été surpris, j'ai découvert même que finalement, ce secteur de la tech que je croyais très démocrate, finalement, en partie à cause de la politique qui a été menée depuis quatre ans sous Joe Biden, avait évolué et souhaitait presque, en tout cas pour une bonne partie d'entre elles, que ce soit Donald Trump qui l'emporte.
Et ça, pour moi, ça a été une découverte.
C'est vrai qu'on avait cette vision-là.
Je pense qu'on a entendu avec nos invités aussi que c'était peut-être une vision très européenne de la chose, de cette vision très démocrate de la Silicon Valley.
Et je pense qu'on ne peut pas non plus oublier l'incroyable influence d'Elon Musk.
C'est-à-dire que depuis dix ans, il prend une place de plus en plus grande dans le paysage technologique, mais finalement maintenant politique des États-Unis et donc maintenant du monde.
Ça fait déjà des années qu'on le dit, c'est un homme qui a déjà laissé une marque dans l'histoire du monde.
Et il continue en fait avec ce qu'il est.
Et donc sa place dans le monde va augmenter encore.
Et je pense que c'est en partie peut-être dû à ça qu'on a ce sentiment de bascule.
- À écouter ces trois voix de la tech, Fabrice, moi j'ai eu aussi une autre pensée.
Je me suis souvenu que les États-Unis, finalement, c'est un pays qui fonctionne et réagit un peu comme la Chine.
Je me souviens de cette sensation que j'ai eue quand je suis allé en Chine, notamment à Shanghai.
L'impression que le pays est tellement grand, tellement peuplé, c'est un tel marché à lui tout seul qu'il n'a presque besoin de personne.
Et finalement, toutes les questions de géopolitique, oui l'Ukraine c'est important, mais c'est très loin de la préoccupation des Américains.
Et finalement, ce qui se passe aux États-Unis est encore plus important et c'est sans doute une des raisons qui ont fait basculer cette élection du côté de Donald Trump avec cette inflation dont on a beaucoup parlé, avec les préoccupations très locales presque qu'ont les Américains.
- Alors c'est vrai, avec une différence essentielle je crois entre les États-Unis et la Chine, c'est que les États-Unis sont un pays fédéral avec des États qui ont... On en a parlé avec nos trois invités, beaucoup d'indépendance dans certains domaines pour faire leur loi et ça veut dire que ils peuvent avancer, chaque État peut avancer un peu à son rythme et c'est ce qui fait qu'il y a des mouvements de population aussi dans certains cas parce qu'on part de la Californie, parce que les prix augmentent, on va au Texas ou ailleurs ou au Colorado comme a fait Christophe pour développer autre chose ou pour changer de vie.
Donc c'est aussi un trait très caractéristique des États-Unis.
- Finalement il y avait sans doute un signe annonciateur et donc dans quatre ans, si les patrons de la tech se précipitent pour rencontrer l'autre candidat ce sera peut-être un signe que c'est lui qui va l'emporter.
- Alors c'est bien que tu le dises et qu'on l'enregistre parce qu'il va falloir qu'on essaie de ne pas oublier parce que finalement je pense que ça se passe tous les quatre ans d'un peu de la même manière. Oui c'est très juste, mais une des choses aussi qu'on a vu après le résultat de ces élections c'est qu'on est un certain nombre à s'être vraiment planté, à penser que ce serait serré etc.
Ça ne l'était pas du tout, donc très visiblement moi je n'avais vraiment pas le doigt sur la pulsation des États-Unis.
- Les Voix de la Tech épisode 7, c'est fini pour cette semaine.
- On vous donne déjà rendez-vous pour l'épisode 8.
- On sera le 15 novembre. - D'ici là, suivez Les Voix de la Tech sur X, LinkedIn, Facebook, Instagram et YouTube.
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